Pro Bono Lab et LepC (Les entreprises pour la Cité) ont organisé, le 31 mai 2022, un évènement autour d’une thématique majeure qui contribue à la transformation du monde associatif. Il s’agit du développement, depuis ces 5 – 6 dernières années, d’outils digitaux faisant la promesse d’une mise en relation entre entreprises et associations.
Chez Pro Bono Lab, nous avons décidé de nous pencher sur cette question pour plusieurs raisons :
D’abord : penser l’impensé
La société se transforme et pour suivre ces transformations, de nombreuses innovations voient le jour. Sont-elles toujours pertinentes, impactantes ? Nous avons à cœur de questionner et d’interroger les nouvelles pratiques à l’œuvre dans le monde associatif auquel nous appartenons et pour lequel nous œuvrons. À cœur aussi de ne pas considérer qu’une innovation en-soi est nécessairement porteuse d’un mieux : questionnons ce mieux, et essayons d’en identifier les bénéfices comme les limites.
Ensuite : favoriser l’interconnaissance
Se connaître, écouter et comprendre les contraintes des autres est essentiel si l’on veut travailler ensemble, coopérer (i.e. : faire œuvre commune). C’est ainsi que nous avons abordé cet événement : un temps de mise en exergue des contraintes des associations, des entreprises et des plateformes d’engagement.
Finalement : créer le dialogue
Nous avons remarqué que le sujet des plateformes de l’engagement crée une certaine tension et de riches échanges. Certaines prises de positions que nous avons entendues ont pu être incisives car elles découlent de potentielles souffrances ou injonctions incomprises, inconfortables voire inacceptables pour certains acteurs associatifs. Notre intention a donc été de rassembler une partie des parties prenantes et de créer un temps de dialogue.
La méthode que nous avons mise en place avec LEPC n’est pas anodine, et il est essentiel de la rappeler ici. Elle fait partie du processus de construction d’un dialogue que nous avions à cœur de créer.
Etape 1 : écouter les difficultés des associations
Les prémisses ont commencé lors d’échanges avec le Collectif Mentorat qui a pointé du doigt de réelles incompréhensions (voire dérives) quant à l’offre de certaines plateformes d’engagement. Des échanges avaient déjà eu lieu entre ces différentes parties prenantes (1), mais la conclusion de ceux-là n’avait pas été satisfaisante pour l’ensemble des acteurs. En écoutant les inquiétudes de ces acteurs associatifs majeurs et en partageant, de prime abord, une partie de ces inquiétudes, nous avons décidé d’ouvrir le sujet et de lui apporter de la matière, de la nuance, de la profondeur.
Etape 2 : recenser du contenu qualitatif
En amont de la conférence, nous avons décidé de mener 7 focus group afin de mettre en lumière les différents points de vue des acteurs concernés par ce sujet. Les focus group étaient composés :
- D’entreprises : sur 26 entreprises contactées (principalement des grands groupes), 17 ont participé aux focus group et nous ont partagé leur vision des plateformes, les contraintes fortes auxquelles elles apportent une solution concrète, leurs doutes ou enthousiasme par rapport à ces outils, etc.,
- D’associations utilisatrices ou non des plateformes : sur 27 associations contactées (tout type d’associations, grandes et petites, franciliennes ou non), 8 ont répondu présentes et ont été interrogées sur leur utilisation et satisfaction des plateformes,
- De plateformes de l’engagement : 8 ont été interrogées (de forme associative ou en société de capitaux), qu’elles soient lucratives ou non lucratives, pour nous raconter leur vision du monde, le besoin auquel elles répondent, etc.
Les premiers constats que nous faisons, chez Pro Bono Lab, à la fin de cette phase de consultation :
- Nous avons remarqué qu’il était beaucoup plus difficile de mobiliser les associations sur cette question que les entreprises. Cela nous donne une première indication : le sujet du partage de compétences et l’engagement des compétences professionnelles vers le monde associatif ainsi que le service associé, censé le faciliter, répond aux besoins des entreprises en premier lieu. Les associations ont du mal à prendre le temps de venir nous en parler (2).
Nos posons donc quelques hypothèses pour expliquer cette relative absence des associations :
- Un temps précieux, surtout dédié à la cause, qui ne peut pas être alloué à ce genre de réflexion,
- Des outils qui semblent aujourd’hui peu connu des associations qui ne comptent pas sur leur utilisation,
- Un sujet – celui du partage de compétences ou de l’engagement « coup de pouce » - qui n’est pas la priorité du monde associatif,
- Une méfiance à s’exprimer sur un sujet – celui du partage de compétences ou de l’engagement “coup de pouce” - des fois au cœur des relations avec leurs mécènes et financeurs.
Nous avons également pris le temps de différencier les différents acteurs plateformes. 3 grands modèles existent, et il nous semble fondamental de les différencier :
- Un modèle non lucratif – forme juridique : association de loi 1901 (Benenova, Tous Bénévoles, France Bénévolat, etc.) où l’accès à la plateforme est soit gratuit, soit nécessite une adhésion de l’association.
Le client ou l’utilisateur est l’association.
- Un modèle lucratif – forme juridique : société de capitaux (Alaya, Benevolt, Engagement Simone, microDON, Vendredi, Yumana, Wenabi, etc.) où l’accès est payant pour les entreprises, et gratuit pour les associations.
Le client est l’entreprise.
- Un modèle public – forme juridique : organisme public (jeveuxaider.gouv) où l’accès est gratuit pour toutes et tous.
L’utilisateur.rice sont les citoyen.nes.
Synthèse des remontées à la suite des 7 focus group
Etape 3 : mener le débat
Le débat a été animé par Pro Bono Lab et LEPC. En croisant nos deux univers, nous avons souhaité incarner un choix fort : celui de travailler en alliance autour d’un sujet qui nous semble essentiel et ancré dans le propos de Pro Bono Lab et de LepC,
Ce qui nous a permis de :
- Mobiliser nos réseaux respectifs : le monde de l’entreprise et le monde associatif,
- Rendre réel notre ancrage dans l’ODD 17 et apporter plus de portée à ce sujet.
Nous avons décidé de faire intervenir trois représentant.es des parties prenantes de ce débat :
- Une association : Ikambere, représentée par Fatem-Zahra Bennis,
- Une entreprise, le groupe EPSA et son Fonds de dotation, représenté par Cédric Laroyenne,
- Une plateforme d’engagement : Vendredi, représentée par Martin Silvestre.
Chacun.e a pu représenter sa vision du monde, nous partager son vécu et nous parler de ses intentions, croyances, inconforts, contraintes ou coups de gueule au regard de ce sujet.
Evénement à (re)voir ici, échanges résumés ici.
(1) Echange entre le Collectif Mentorat (Article 1, La Cravate Solidaire, NQT, Proxité et l’Institut Télémaque) et les plateformes microDON, Vendredi et Wenabi – été 2021
(2) Cette difficulté à mobiliser les associations sur le sujet du mécénat de compétences, de ses usages et de son impact, se remarque aussi dans les études que nous sommes en train de mener : avec l’Alliance pour le mécénat de compétences – étude menée par KIMSO, Pro Bono Lab étant partenaire opérationnel ; la recherche action menée par l’INJEP et l’IRISSO, Pro Bono Lab en étant partenaire opérationnel et financier.
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