L'actus

du Pro Bono

Agents publics et pro bono : témoignage de Lisa, DRH

La série d'entretiens "Agents publics et pro bono*", réalisée entre décembre 2019 et mars 2020, explore les pistes de mise en oeuvre de programmes pro bono ou de mécénat de compétences au sein de collectivités. Entretien avec Lisa, DRH mutualisée en Bourgogne-Franche-Comté.
Manon Philippe
1 févr. 2021


Lisa** est DRH mutualisée, elle travaille pour une ville, un CCAS (Centre Communal d’Action Sociale) et une agglomération de 33 communes en Bourgogne-Franche-Comté - soit 800 agents.

Après avoir entendu un de ses collègues parler de mécénat de compétences, elle fait des recherches sur le sujet. Elle a accepté de répondre à nos questions et d'imaginer comment de tels dispositifs pourraient être implémentés dans sa collectivité.

1. Où en est votre collectivité par rapport au pro bono ?

La collectivité n'est pas engagée en pro bono, mais il y a une volonté de trouver d’autres manières de permettre à des agents - notamment ceux en usure professionnelle - de continuer à travailler sur d’autres activités et d’autres métiers que nous n’avons pas forcément chez nous. Le secteur public et l’associatif sont tous deux au service de l’intérêt général, il doit donc y avoir des passerelles.

Il y a un besoin de trouver des activités plus porteuses de sens pour ces agents. L’idée n'est pas d’attendre le dernier moment pour éviter l’usure, mais de réorienter sur d’autres métiers, et de proposer quelque chose de novateur. De plus, nous faisons face à des difficultés de recrutement, et ce type de pratique pourrait attirer des profils juniors et/ou venant d'autres régions

2. Si des programmes étaient mis en place, quelles profils seraient mobilisés ?

Des agents qui, physiquement, ne peuvent plus exercer le métier pour lequel ils ont été recrutés, mais qui sont aptes à autre chose. Ceux qui travaillent en EHPAD, portent des charges lourdes et ont des pathologies particulières, mais qui pourraient occuper d’autres métiers par exemple.

Je ne fais aucune distinction entre les trois entités dans lesquelles je travaille (mairie, CCAS, agglomération) : chaque niveau de collectivité a ses compétences, mais il n’y a pas de freins entre nous. Les motivations sont identiques d’une collectivité à une autre. Je suis obligée de raisonner globalement : les problématiques sont les mêmes dans chaque collectivité.

Nous ne pouvons pas favoriser certaines associations plus que d'autres. Si nous montions quelque chose avec les Restos du cœur, pourquoi n’irions-nous pas avec le Secours Catholique ou le Secours Populaire ?

3. Comment cela pourrait-il être mis en place ?

En interne, il faudrait rentrer par la porte des Ressources Humaines, avec mon collègue assistant social du personnel, et mettre les collègues de la vie associative dans la boucle, travailler en équipe. C’est rare de porter un projet tout seul, chez nous.

Les élus ont leur rôle à jouer : la question de la validation est primordiale. Nous sommes cadres, nous faisons des propositions, mais il faut qu’ils nous suivent sur le projet. Est-ce qu'ils nous laisseront carte-blanche ou non ? Il faut compter avec cela, ce n’est pas possible de faire autrement.

4. Quels types de programme cibleriez-vous (quelques heures, une journée, formats plus longs // régulier ou ponctuel) ?

L’idée des journées serait bien pour faire connaître la pratique, montrer que c’est possible, sortir des sentiers battus. Démarrer ainsi serait pertinent.

Mon collègue a pensé que faire du mécénat de compétences au lieu de donner une subvention financière à une association pourrait fonctionner.

5. Y a-t-il des thématiques plus prégnantes pour la collectivité sur lesquelles s’engager ?

Je ne connais pas suffisamment le milieu associatif local pour savoir ce qui serait pertinent. Il faudrait faire des mini-sondages, les sensibilités sont différentes selon les collectivités (CCAS, sport et culture…). Les gens voudront peut-être aller vers des choses qu’ils connaissent, ou au contraire qu’ils ne connaissent pas bien.

6. Ciblez-vous des risques potentiels ? (Par ex : conflits d’intérêt, risque politique, etc.)

Les risques existent surtout au niveau des associations : nous ne pouvons pas favoriser certaines associations plus que d'autres. Si nous montions quelque chose avec les Restos du cœur, pourquoi n’irions-nous pas avec le Secours Catholique ou le Secours Populaire ? Cela pourrait se retourner contre l’élu, accusé d’avoir favorisé une association. Une entreprise peut faire comme elle veut, nous non, on doit éviter le conflit d’intérêt.

Au niveau financier, il n’y aura pas d’exonération derrière. Mon collègue a pensé que faire du mécénat de compétences au lieu de donner une subvention financière à une association pourrait fonctionner. C’est une piste qui pourrait servir à lever certains freins. C’est cependant à discuter avec l’association : est-ce qu’elle a vraiment besoin d’argent, ou est-ce qu’un apport en compétences pourrait lui permettre de gagner de l’argent ?



* Nous parlons dans cette série de "pro bono" et non spécifiquement de mécénat de compétences : le mécénat de compétences est un dispositif fiscal qui, dans les faits, ne pourrait s'appliquer à des acteurs publics.

** Les entretiens ont été anonymisés, certaines initiatives étant menées de manière officieuse par les agents.


💡 La série d'entretiens "Agents publics et pro bono" a été réalisée entre décembre 2019 et mars 2020. Ses 8 entretiens explorent les pistes de mise en oeuvre de programmes pro bono ou de mécénat de compétences au sein du service public. Retrouvez les autres entretiens ci-dessous :

👉 Agents publics et pro bono : un lien fort entre service public et associations

👉 Agents publics et pro bono : le dispositif de congés solidaires d'un département breton

👉 Agents publics et pro bono : témoignage de Quentin, maire

👉 Agents publics et pro bono : témoignage de Sylvie, adjointe à l'ESS

👉 Agents publics et pro bono : l'exemple d'une Fondation territoriale



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