L'actus

du Pro Bono

Ynov : une centaine d'étudiants s'engagent à distance auprès d'associations

Pendant le confinement, une centaine d'étudiants du Campus Ynov de Lyon se sont mobilisés en pro bono pour accompagner des associations sur des questions liées au digital... le tout à distance !
Manon Philippe
28 juil. 2020

Antoine Gouy est Project Manager sur le campus de Lyon de l'école Ynov, spécialisée dans les métiers du numérique. Pendant le confinement, une centaine d'étudiants de cet établissement se sont mobilisés en pro bono pour accompagner des associations sur des questions liées au digital... le tout à distance ! Aujourd'hui, il revient sur cette expérience :

Pourquoi ce projet ?

Ce projet de workshop est une libre initiative. J’essaye de proposer aux étudiants des projets où leur travail est considéré et non récupéré. C’est intéressant de les faire travailler pour des écosystèmes qui ont réellement besoin d’eux, et leur faire sentir la valeur de leur travail. Normalement, nous travaillons plus pour des start-ups. En proposant aux étudiants de travailler pour des associations, je voulais les pousser à produire quelque chose de concret, qui serve véritablement un projet, au-delà d’un simple exercice. Et cette année, le contexte était bien sûr particulier. Il a fallu tout faire à distance !

Cela vient-il d’une demande des étudiants ? Sentez-vous une appétence chez eux pour les thématiques sociales/environnementales ?

Honnêtement, il y a toujours des étudiants très motivés et d’autres, pas du tout. Ça fait partie du jeu ! Ce qui est intéressant dans le fait de travailler avec des associations, c’est que tu peux personnifier le projet, travailler avec du sens et ça permet aux étudiants de se projeter. Ils se rendent compte de l’impact qu’ils peuvent avoir, même en tant qu’étudiant. C’est plus gratifiant que de produire un énième support PowerPoint qui traînera dans les placards…

Concernant l’intérêt pour ces problématiques, nous n’en sommes pas encore au stade d'une prise de conscience globale. Par exemple, l’idée de Tech for Good n’est pas bien intégrée. Sûrement parce qu’elle est trop labellisée. Dès qu’il y a une étiquette, ils ont tendance à se désintéresser, même si bien sûr il y a des exceptions.

L’équipe pédagogique est en ce sens moteur, car la motivation ne vient pas systématiquement des étudiants. Il faut se rendre compte qu’ils sont jeunes, certains sortent du lycée et n’ont pas cette habitude d’être dans l’action. Ils ont passé toute leur scolarité à écouter. Mon travail est de casser cette habitude, au long du cursus et de leur révéler leur capacité d’agir, notamment pour des projets qui ont un vrai impact sur la société.

Quel est le principal challenge d’une mission comme celle-ci, auprès d’une association ?

Il n’y a pas de vraie différence lorsqu’on travaille pour une entreprise, ou pour une association. C’est l’investissement émotionnel qui peut être plus important car le projet est souvent plus incarné chez une association.

Du côté des porteurs de projet, je dirais qu’il y a un travail à faire de préparation, pour bien cadrer la mission. Parce qu’encore une fois, ce sont des étudiants en face. Ils ont le droit à l’erreur, il n’y a pas d’obligation de résultat ! Lorsqu’une personne en attend trop, que les projets sont trop ambitieux et que les enjeux sont trop importants pour la structure, ça peut devenir compliqué.

Comment appréhendez-vous le format à distance ?

C’est la première fois que j’organise le workshop entièrement à distance. Personnellement, je ne milite pas pour un 100% distanciel ou 100% présentiel. En ligne, ça demande paradoxalement plus d’organisation, plus de cadre. Mais ça a de beaux effets de levier : par exemple, c’est plus facile de mobiliser les étudiants, qui n’auront pas à se déplacer. Il faut cependant accorder une attention particulière à la politique de modération pour que tout reste bien lisible. Il faut bien sélectionner les outils, laisser le temps aux gens se les approprier, prendre le temps, accompagner avec des tutos… Mais c’est quelque chose que je referais bien !

Ceci étant, les étudiants étaient en demande de rencontre physique. Il y a eu une vraie mobilisation en ce sens, appelant à se retrouver.

Quels sont les retours des étudiants ?

Dans ce contexte particulier, la mission a été très bien reçue, les résultats sont positifs. Premièrement, il faut le dire, ça leur donnait une occupation pendant le confinement. L’organisation était à la hauteur, c’était un projet collectif et bien coordonné avec une équipe disponible pour faire en sorte que tout se passe bien.

Les projets aussi étaient concrets et ça, ça motive beaucoup ! On ne peut pas aller voir les étudiants et leur dire « on va changer le monde », car c’est trop abstrait. Avec ce type de projets, on rend les choses accessibles, on propose d’avoir un impact direct. C’est très important de ne pas éloigner les étudiants du résultat car c’est ce qui les booste pour la suite. La rencontre avec les porteurs de projets est en ce sens essentielle, qu’elle soit physique ou à distance. Ces professionnels ne les regardent pas comme des étudiants, ils ont des besoins, des attentes, ça les implique réellement dans le projet. L’équipe pédagogique à beau essayer de convaincre, c’est eux qui ont les meilleurs arguments pour embarquer les étudiants dans les missions.

Enfin, pour certains, ça peut nourrir des projets professionnels. Même si, de mon point de vue, les jeunes ont encore des attentes « classiques » par rapport à leur carrière (un CDI, une position dans une grande boîte..), d’autres se rendent compte qu’ils ont envie de travailler autrement, pour d’autres écosystèmes. Il faut de tout !

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