L'actus

du Pro Bono

Créer du lien entre associations et étudiants dans l'enseignement supérieur - Yvan, Groupe Galiléo

Aujourd’hui, 1/3 des projets proposés au sein des écoles Galiléo de Bordeaux sont dans l’ESS (Economie Sociale et Solidaire) et dans de l’impact. Pourquoi ? Yvan Perrière, directeur à Bordeaux, nous explique.
Manon Philippe
29 mars 2022

Yvan Perrière est directeur du groupe Galileo à Bordeaux. Le groupe Galileo rassemble une soixantaine d’écoles d’enseignement supérieur et 200 000 étudiant.es dans le monde - 8 écoles et 3 000 étudiant.es à Bordeaux – dans des champs disciplinaires variés : pâtisserie, chocolaterie, cinéma, design vidéo, comptabilité, commerce, digital...

Cet entretien a été réalisé en mars 2022.

1. Dans quel cadre vos étudiant.es sont-ils ou elles amené.es à collaborer avec des associations ?

Nos cursus sont associés à des blocs de compétences, qui permettent la validation de titres RNCP. Notre enjeu, au sein de nos écoles, est de faire monter en compétences les étudiant.es sur ces blocs de compétences.

Cela se fait de plusieurs manières :
- Une expérience professionnelle : stage, alternance (2/3 de nos étudiant.es sont en alternance)
- Des projets étudiant.es : nous proposons, tout au long de nos cursus, des projets en lien avec des organisations du territoire - à peu près 150 par an à Bordeaux. Les étudiants travaillent pour des entreprises, pour des associations, pour des structures publiques et doivent produire des livrables associés aux blocs de compétences de leur cursus.

Aujourd’hui, 1/3 des projets proposés sont dans l’ESS (Economie Sociale et Solidaire) et dans de l’impact.

Je sens chez mes étudiants, notamment dans les profils entrepreneur.euses, l’envie d’aller vers du sens, de suivre leurs valeurs : le « no bullshit business » !

Quelques exemples de projets dans ce secteur :
. Demain, on a le kick off d’un projet avec l’association des Bassins à Flot à Bordeaux. L’objectif est de créer une marque en s’inspirant de ce qui est fait avec Confluence à Lyon. J’ai des designers, des marketeux et des étudiants en digital qui vont bosser ensemble sur l’identité visuelle de la marque, la stratégie marketing, etc. Le projet démarre demain [9 mars], se termine en juin cette année, et re-démarre sur la même période l’année prochaine. Ce seront les mêmes étudiant.es qui retravailleront dessus.
. Ou encore le Biocoop de Saint-Médard-en-Jalles qui veut créer une offre à destination des entreprises du territoire. Des étudiant.es vont travailler une stratégie marketing : mapping de ce qui existe déjà, des besoins...
. Hors ESS, on a le projet d’une artisan qui fait des cookies et lance son business - les étudiant.es ont travaillé sur son identité visuelle et sa brochure, des étudiant.es ont aussi travaillé pour Honda Monde, sur leur offre de free floating...

On est en expérimentation permanente pour permettre aux étudiant.es de :
- Se découvrir
- Découvrir le monde professionnel dans lequel ils vont être amenés à évoluer
- Développer et mettre en pratique leurs compétences pour qu’ils valident leurs blocs de compétences.

2. Pouvez-vous nous en dire plus sur les formats que vous proposez à vos étudiants ?

Ces projets étudiants peuvent être tutorés : dans ce cas, la production du livrable est associée à une note et des crédit ECTS, c’est encadré au sein du cursus.

Il arrive aussi qu’il y ait des projets hors cursus : dans ce cas, on transmet les informations aux étudiant.es qui ont la liberté de s’y impliquer ou non sur leur temps libre (soirée, week-end). Par exemple, il y avait le start- up week-end de Poitiers la semaine dernière : une quinzaine d’étudiant.es y sont allés.

Ces projets ont des formats divers :
- Sprint : design thinking sur 1/2 journée, avec des groupes de 10 à 250 étudiant.es
- Hackathon : jusqu’à 3 jours, un hackaton mobilise entre 6 et 12 étudiant.es
- Challenge : entre 3 jours et 1 semaine
- Grands projets : entre 6 mois et 1 an

Les projets associatifs/mutualistes que l’on propose à nos étudiant.es peuvent donc soit rentrer dans une maquette pédagogique, soit dans le cadre de projets libres.

3. Comment se passe la sélection des projets accompagnés par les étudiant.es ?

On en a 150 par an, et c’est une grosse machine : avec les obligations de Calliope, les OPCO, on doit monter très en amont nos programmes de formation. Du coup, chaque année, on a un calendrier assez strict : on choisit 80% de nos projets entre le 15 mars et le 15 juillet. Ensuite, sur l’année, on se laisse toujours une marge de liberté de 5% pour pouvoir saisir des opportunités intéressantes.

La plupart du temps, ce sont les projets qui viennent à nous. Cela fait une dizaine d’années qu’on est sur ce schéma et on a chaque année 1 600 étudiants qui sont en alternance dans autant de boites : on commence à être connus et le bouche-à-oreille est efficace.

On a une « cellule projet » de 2 personnes : elles sont dédiées à 100% à la sélection, le cadrage, la valorisation des projets - avec les responsables des filières lorsque nécessaire. Elles font un brief avec le ou la porteur.se de projet, elles cadrent le besoin, voient comment on peut y répondre et ordonnent tout ça sur l’année.

On a mis en place une méthodologie de projets : analyse du besoin, identification des compétences cibles, identification des ressources nécessaires, projection des livrables. On s’adapte en fonction du porteur de projet, de la complexité du projet et de la capacité de nos étudiant.es à produire.

Cette intervention est essentielle parce qu’elle permet de transposer le projet sous un angle plus académique pour que les étudiants comprennent mieux, et que ce soit bien cadré en lien avec leurs blocs compétences.

4. Quelles difficultés pouvez-vous rencontrer ?

On peut se tromper parfois dans les compétences des étudiant.es qu’on affecte au projet. C’est souvent quelque chose qu’on sait/voit dès le départ : on prévient donc que les résultats ne seront peut-être pas à la hauteur des exigences.

Il arrive aussi que les porteurs de projet aient des demandes particulières sur lesquels ils ne veulent pas déroger (durée du projet, sujet...). Ca peut rendre les choses plus difficiles en termes d’affectation de notre côté.

Un exemple : un de nos contacts voulait faire le projet sur l’année – c’était un projet pour mettre à disposition du matériel de bricolage dans un quartier. On a mis des 2ème années sur le projet, mais ils n’étaient pas assez pragmatiques et les livrables n’ont pas été très qualitatifs.

5. Une belle histoire à nous partager ?

On a mené un projet au bénéfice de 10 associations de la métropole de Bordeaux. Elles avaient des besoins en termes de visibilité ou sur le digital. C’était un projet obligatoire et il n’y avait pas de « récompense » à la clé : le seul était le « merci » des associations.

Pourquoi ça a été une réussite ? Le sujet, la cause. Une association travaillait avec des femmes en reconversion via le Rugby, une autre avec des anciens détenus. On a fait venir les porteurs de projet pour qu’ils se frottent aux étudiant.es (et inversement). Et ça a super bien fonctionné !

Il y a eu des choses, humainement, qui ont été fantastiques. 200 étudiant.es ont bossé pendant 1 semaine, super impliqué.es, certain.es ont peu dormi, mais ça les a fait grandir énormément.

Le numéro 2 de la Mairie est venu à la fin du projet, il y a eu des retombées presse... Et certain.es étudiant.es continuent à être bénévoles, sont toujours en lien avec les associations !

6. Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un établissement d’enseignement supérieur qui souhaite permettre à ses élèves de s’engager auprès d’associations mais ne sait pas comment s’y prendre ?

Mettre les moyens pour le faire !

Il faut que ce soit intégré pleinement au fonctionnement de l’institution. Une fois, je suis allé voir une autre école à Bordeaux, qui a des cursus dans le journalisme. On avait un projet qui mixait digital et journalisme : je me suis dit que ça pourrait être sympa de faire bosser nos étudiant.es ensemble. Ils ont dû passer par des circuits de décision interminables : on a fini par poster un message sur le Facebook de l’école et on a eu quelques étudiant.es. Si rien n’est en place, mieux vaut mettre en place des projets ou associations externes à l’institution, cela avance plus vite.

Après, on est très fan d’expérimentation au sein du groupe : si on peut tenter des choses, go ! Ce serait aussi un conseil : rester agile.

En bref, si tu devais retenir...

3 bénéfices pour les associations que les étudiant.es accompagnent
1. Les connexions humaines : on fait se rencontrer des gens qui ne se seraient pas rencontrés
2. Le livrable : quand il y a une production à la fin du projet, elles repartent avec du concret
3. Le regard extérieur : l’apport des étudiant.es favorise la remise en question des associations, de leurs manières de faire. Bénéficier régulièrement de ce regard extérieur permet d'entrer dans une boucle d’amélioration continue !

3 bénéfices pour ton établissement
1. Le premier, le plus important, c’est le développement des compétences. Je veux que mes étudiant.es développent leur employabilité, prennent de la distance, de la hauteur sur ce qu’ils doivent faire pour être bons
2. Engendrer un cercle vertueux pour l’intérêt général
3. Accompagner les jeunes dans la découverte du monde professionnel sous toutes ses formes

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